« Ils n’ont plus de vin ». Jean 2 : 3
Durant cette rencontre de réjouissance, un constat bien triste a été fait : « Ils n’ont plus de vin ». Pour y remédier, Jésus doit prendre la place de l’organisateur de ces noces, ce qui n’est pas très indiqué quand on est qu’un invité. Jésus doit se substituer à lui, en intervenant dans l’ordonnancement des boissons. En prenant, pour un instant le rôle de l’organisateur, le manque laisse la place à la surabondance qualitative. Le désordre qui pourrait surgir comme résultat de ce manque n’a aucune chance de se manifester. C’est peut-être bien à ce constat que le récit veut nous amener.
Le « vin qui manque » est le symbole de tous les manques et de toutes ces carences profondes qui surgissent justement au moment où semble aller pour le mieux.
Oui, il existe plein de situations humaines où nous ne pouvons plus rien. Des situations qui paraissent aller avec tant de bonheur et puis d’un seul coup, ça bascule et il ne semble pas y avoir de solution viable !
Cet épisode du début de ministère de Jésus propose une solution aux difficultés que nous rencontrons à mesure que les années s’écoulent : inviter Jésus à nos noces de la vie afin qu’il fasse partie de nos vies, de nos projets de vie parfois désorganisés par les imprévus, que Jésus change l’eau insipide de la routine en une vie renouvelée.
Parfois ou très souvent, il n’y a plus de goût, de saveur dans nos journées et dans nos relations. Lorsque dans une personne, l’élan vital est mort, lorsque ses sentiments s’émoussent, lorsqu’elle n’éprouve plus la joie de vivre, lorsqu’elle se réfugie dans la passivité, lorsqu’elle ne manifeste que froideur ou parfois même résignation devant les défis multiples du vécu quotidien, alors on ne peut que constater tristement : « là, il n’y a plus de vin ».
Le signe de Cana nous rappelle, la manière dont une vie vide, finie, éteinte peut retrouver élan, vitalité, devenir “vin nouveau”. Accepter positivement la rencontre de cet Autre, Jésus le Christ, nous aide à changer, à nous transformer,à nous tenir en marche sur le chemin de la vie.
Cana nous invite à aller en profondeur, à ne pas nous contenter des stéréotypes et des raccourcis qui brouillent notre connaissance de l’autre et surtout du Christ Jésus.
Cana nous invite aussi à passer de l’eau au vin, c’est-à-dire, d’une vie sans goût à une existence passionnée et passionnante d’amour et de partage.
Quand nous croyons qu’il n’y a plus de vin, qu’il n’y a plus d’énergie dans nos vies, que la fête risque de se terminer, ou que cela devient difficile, Jésus est là.
Nous ne le saurons peut-être pas, mais discrètement, incognito, il va agir, il ne va pas nous laisser tomber. Ce n’est pas parce qu’on ne le voit pas qu’il n’agit pas. Il est, sans doute, en train déjà, dans son coin, en train de changer de l’eau en vin, de changer ce qui ne va pas en vie. Et comme le vin devient abondant, la vie va devenir abondante grâce à Jésus.
Jésus n’est pas seulement celui qui nous aide quand ça ne va pas. C’est celui qui fait de notre vie une fête aussi belle et émouvante que la célébration d’un mariage, celui qui nous aide à nous réjouir, qui non seulement se réjouit que nous nous réjouissions, mais transforme le manque en abondance, l’absence en présence, pour que nous soyons heureux, plein d’entrain et de fête. Et il le fait discrètement.
Notre Dieu n’est pas le Dieu lointain et désintéressé, mais l’Emmanuel, le Dieu-avec-nous, le Dieu de la fête, de la noce, le Dieu de l’amour, de la tendresse, de la joie et de la paix, le Dieu qui nous offre son vin nouveau, une alliance nouvelle et des temps nouveaux !
Charles KLAGBA